Le jour où on l'a échappé belle

Publié le par Une poupée par jour

Bon, aller, pour une fois, je vais faire une retrospective sur ma période de grossesse.

Donner la vie, enfin plus exactement se transformer en terrain fertile pour que l'agence de rencontre des gamettes fasse son office, c'était une longue attente, remplie d'espoir, de vide, de desespoir, de plein de trucs hormonaux impossibles à maîtriser, et aussi incroyable que cela paraisse, d'une sorte de désertion de l'envie de créer. La vue des peintures et des billes de bois n'opéraient plus le chouette feu d'artifice dans ma tête.

Sauf quelques petites fois, ou quand même, j'ai réussi à juguler cette chape de plomb qui s'abbatait sur mes journées, les rendant toutes plus stériles les unes que les autres!

Une de ces fois, je voulais réaliser un petit quelque chose pour ma citrouille, une oeuvre personnelle, et j'ai fait ça:

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Je rêvais d'en être au deuxième stade, celui où on tient le bébé dans ses bras, où on peut le caliner, ici, j'ai fait une masse de cheveux protecteurs dans laquelle le bébé est lové (j'aime bien, ce mot, y'a "love" dedans).

J'avoue ne pas avoir pensé une seule fois que ça pourrait mal se terminer, et pourtant! Sans toutes les sages femmes, les docteurs et le savoir faire de ce siècle ou si j'avais simplement accouché à la maison, citrouille et moi ne serions plus. Ca fait froid dans le dos d'y penser, mais c'est vrai que si on envisageait sérieusement cette possibilité, on ne ferait rien.

Citrouille avait une si grosse tête et mal placée qu'il n'arrivait pas à passer, même avec les efforts désespérés que je déployais, rien n'y faisait. Et là, toutes sortes d'idées m'ont traversés la tête: la grosse ventouse de chez Aqmé pour le tirer vers l'extérieur, le découpage propre autour de sa tête et le recollage discret avec du "ni clou ni vis" (ma colle préférée <3), le "couper en suivant les pointillés" sur le ventre, bref, du grand n'importe quoi pendant que le sang s'écoulait hors de moi, mais pas le bébé.

Le point positif de tout ça, c'est que quand on est en position critique, on n'en est pas conscient et on flippe pas une seconde.

Quand on pense à tous nos ancêtres qui ont payé le prix fort pour que nous soyons là aujourd'hui. Evidemment, elles n'avaient pas le choix et beaucoup aussi ont péries en essayant de "faire des anges". Mais on se dit que notre siècle, il est chouette.

Bref, ce qui m'amène à une autre question: pourquoi avoir survécu à mère nature? Quand j'essaie de voir mon utilité dans tout ça, je vois un vaste gâchis...Je navigue entre maternité, réalisation de moi en n'étant pas plus avancée qu'avant.

C'est vrai quoi, faut pas se voiler la face, avant, la mort en couche était un moyen que la nature avait trouvé pour réguler notre population devenue très envahissante. Donc après avoir retardé l'échéance, que dois-je accomplir pour justifier cette rallonge?!!

Après être allée à l'école étudier des choses inintéressantes (ou du moins mal enseignées!), s'être habitué à passer des diplômes aux énoncés insipides et farfelus, avoir dans le crâne depuis l'âge de 7 ans que plus tard après l'école on aura un travail, avoir galéré pour trouver 2 pauvres CDD de m***de, avoir conçu ma bouffée d'oxygène qui dort paisiblement dans son berceau et me dire que je vais devoir reproduire ce foutu schéma qui manque terriblement de sens pour qu'à son tour, lui aussi intègre la classe moyenne et puisse avoir plein de chouettes objets.

Comment font-elles, celles qui arrivent à vivre de leur passion, et en gardant leur petit bout?

Pour une fois j'entrevois ce que je voudrais réellement faire, mais je ne sais même pas comment on fait pour rentrer la dedans. 

Voila un article pêle mêle autour d'une des créations faites pour mon fils pendant que je l'attendais :)

Publié dans Bébé

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